Les Émoticônes

 

La langue écrite évolue certainement moins vite que la langue parlée, mais elle évolue quand même. Pendant longtemps, on a pensé que l’écrit était réservé à un niveau de langue très correct. Il s’ouvre aujourd’hui à des usages beaucoup moins stricts. On écrit de plus en plus souvent de façon familière, surtout si l’on est pressé, si l’on utilise les nouvelles technologies, les SMS, les courriels. Alors on abrège, on utilise des sigles, mais aussi des images expressives : c’est ce que l’on appelle les émoticônes, on dit parfois smileys, quand on accepte l’anglicisme. Alors « émoticône », le mot est un peu long, il fait savant, mais il évoque deux idées principales : une émotion, « émot- » ; et une image, « -icône ».

En effet, le mot « icône » évoque une représentation. On a mis un accent circonflexe sur le « o » pour ne pas avoir l’air de l’emprunter à l’anglais. Mais même si les anglicismes font peur, on sait bien que c’est l’icône informatique qui est derrière. L’icône informatique, ce petit signe qui apparaît sur un écran d’ordinateur.

Mais l’émoticône c’est différent : il ne s’agit pas d’un bouton qui actionne une fonction lorsqu’on clique dessus, mais c’est un signe : on va le lire. Il indique une réaction émotive, comme son nom l’indique, comme une ponctuation. Non pas la ponctuation qui rythme la phrase, qui lui donne son, mais une ponctuation expressive, qui multiplie les émois.

L’émoticône peut servir par exemple de réponse. On peut écrire uniquement une émoticône pour montrer un enthousiasme, une perplexité, un refus, une colère. « Est-ce que tu veux dîner avec moi ce soir ? » Et on envoie un visage avec un sourire et un clin d’œil. Et on peut aller beaucoup plus loin qu’un simple point d’exclamation, ou que le sourire du smiley anglais : un cœur brisé, un feu vert en disent plus qu’un long discours. Et les invitations sont très compréhensibles : un café fumant, un ballon de rugby, une guitare… On est entre le mot et l’image.

 

Source : http://enseigner.tv5monde.com/fle/les-emoticones